dimanche 31 août 2025

le blitz à quatre




Variante du jeu d’échecs aussi connue sous d'autres appellations comme double blitz (nom communément utilisé au Québec). Elle consiste à jouer en deux équipes de deux joueurs sur deux échiquiers, les équipiers ayant des couleurs alternées.

Les règles habituelles du jeu sont appliquées, avec la particularité que chaque pièce adverse capturée par un joueur est transmise à son coéquipier, qui peut choisir de la placer à son bénéfice sur son échiquier plutôt que de jouer un coup.

le début fermé

Le début fermé est une ouverture qui commence par la poussée de 2 cases des pions des dames. C'est à dire d4 d5.

Le début fermé, à l'inverse du début ouvert, conduit en principe à un jeu positionnel et non à la recherche d'un gain d'espace et de matériel.

Cela donne des ouvertures comme le gambit dame, la défense slave, le système Colle, l'attaque Richter-Veressov.

le début ouvert

On appelle début ouvert une ouverture qui commence par la poussée de 2 cases des pions des rois. C'est à dire e4 e5.

Le début ouvert conduit en principe à un jeu tactique où les affrontements interviennent souvent assez rapidement. 

Cela donne des ouvertures comme la partie espagnole, la partie italienne, la partie écossaise, la défense russe et le gambit du roi.

Si la réponse des Noirs à e4 n'est pas e5, le début est dit semi-ouvert.

la défense Loujine


Vladimir Nabokov


Joueur prodige, Loujine, personnage central du roman, devient tout jeune Grand Maître. Maniaque, marginal, obsédé par le jeu, déshumanisé, il finit par sombrer dans une démence et se suicide, devenu incapable de distinguer le monde réel de celui de l'échiquier. C'est précisément dans l'échiquier qu'il se précipite, en se jetant dans le vide : "Les reflets des fenêtres se rejoignaient et s'alignaient, l'abîme était divisé en carrés clairs et en carrés sombres..." Dans l'introduction à la traduction anglaise, l'écrivain emploie, à propos du suicide de Loujine, le terme "suimate" qui désigne un problème d'échec très particulier, aussi ardu que paradoxal, consistant à obliger le camp adverse à gagner...

Nabokov, dont la maîtrise des échecs est bien connue, utilisa une nouvelle fois ce thème en 1941, dans son premier roman écrit en anglais The real Life of Sebastien Knight. Dans ce livre, qui est très redevable à Lewis Carroll, l'auteur est une pièce d'échecs et l'échiquier une image réduite du monde. 

Vladimir Nabokov, La Défense Loujine. Traduction française, Paris, Gallimard, 1964. L'édition originale, en russe, parut à Berlin en 1930 sous le titre Zachtchita Louzina. La première traduction en langue anglaise ne parut qu'en 1960.

source la BNF

le classement des meilleurs joueurs


Magnus Carlsen


La FIDE met à jour régulièrement les classements Elo des joueurs en fonction de leurs résultats en compétition.

La Fédération publie différents document dont le classement Elo mis à jour des 100 meilleurs joueurs.

Ci-joint le classement au 31 août 2025.

Le Norvégien Magnus Carlsen et l'Américain Hikaru Nakamura font la course en tête avec un classement situé au dessus de 2800 points.

Viennent ensuite l'Américain Fabiano Caruana et les jeunes Indiens Praggnanandhaa, Erigaisi et Gukesh.

la cadence




Dans un premier temps les parties officielles intervinrent sans limitation du temps disponible des joueurs.

Cette absence de limitation n'alla pas, dans certains cas, sans poser quelques problèmes.

la cadence

A présent, la cadence de jeu est fixée avant le début de partie et ne peut pas être modifiée par la suite.

Une pendule mécanique ou électronique permet de suivre de manière très précise le temps qui est consommé par les joueurs.

certains cas particuliers

1) Les parties avec incrément: il s'agit de parties avec un temps supplémentaire fixe par demi-coup.

2) Les parties avec handicap de temps: il s'agit de parties dans lesquelles un fort joueur  dispose de moins de temps que son adversaire.

citation intra-muros




«Une platitude souvent récitée à propos des échecs est qu’une des choses les plus difficiles à réaliser est de gagner une position gagnante. Cela ne manque pas de sens mais, pour ma part, j’ai toujours trouvé plus difficile de gagner une position perdante.»

Tim Krabbe

les échecs aléatoires Fischer




Les échecs aléatoires Fischer ont été imaginés par Bobby Fischer. C'est une variante du jeu d'échecs où la position initiale des pièces de la première rangée (les figures) est déterminée aléatoirement au début de la partie. 

Les échecs aléatoires Fischer sont aussi appelés Échecs 960 (en Anglais Fischer Random Chess ou Chess960).

Selon Bobby Fischer, le fait de tirer au hasard la position initiale des pièces offre l'avantage d'empêcher les parties préalablement arrangées (elles seraient assez fréquentes) et favorise la créativité échiquéenne et le talent plutôt que la mémorisation et l'analyse de multiples variantes d'ouvertures.

samedi 30 août 2025

de l'autre côté du miroir




Dans De l'autre côté du miroir, Lewis Carroll structure son récit comme une partie d'échecs grandeur nature. Chaque personnage correspond à une pièce du jeu, et Alice elle-même commence comme un pion avant de progresser vers son objectif : devenir reine. Cette mécanique influence profondément la narration en imposant une logique stratégique aux événements et aux rencontres.

Le jeu d'échecs dicte le déroulement de l'histoire : Alice avance comme un pion sur l'échiquier, suivant des règles précises qui limitent ses mouvements et interactions. Les autres personnages, tels que la Reine rouge et la Reine blanche, incarnent des rôles spécifiques qui reflètent les stratégies et dynamiques du jeu. Cette approche donne au récit une structure rigoureuse et un rythme particulier, où chaque action semble répondre à une logique échiquéenne.

Le blog que vous consultez explore l'histoire des échecs et mentionne De l'autre côté du miroir dans une chronologie des événements marquants liés au jeu. Cette référence souligne l'importance du roman dans la culture échiquéenne et met en lumière la manière dont Carroll a utilisé les échecs comme une métaphore du voyage initiatique d'Alice.

l'école classique




Le Français François-André Danican Philidor qui est contemporain de l'école de Modène et de Philippe Stamma innove en créant ce qu'on appellera plus tard l'école classique. 

Philidor renonce aux attaques précoces sur le roi adverse et préconise un jeu positionnel et une stratégie dans le milieu de jeu. Cette avancée fut majeure et permit à Philidor de s'imposer assez aisément face aux meilleurs joueurs de l'époque. L'école initiée par Philidor fut perfectionnée au siècle suivant par le joueur d'origine autrichienne Wilhem Steinitz.

l'abandon




Il convient d'abandonner, c'est à dire de reconnaître la victoire de son adversaire sans attendre la fin de la partie lorsque la situation est désespérée.

C'est une question de politesse vis à vis de son adversaire que d'agir ainsi.

Bien entendu, c'est différent si la configuration du jeu permet d'envisager de décrocher la nullité par pat, échec perpétuel etc.

l'analyse post mortem




On appelle analyse l'étude de la configuration du jeu à un moment t de la partie.

Tout demi-coup doit être normalement précédé d'une analyse qui prend notamment en compte le dernier coup joué par l'adversaire.

On appelle analyse post mortem l'étude d'une partie qui a été jouée.

Analyser ses parties est formateur pour les joueurs débutants en raison du caractère répétitif des erreurs commises.

la légende du sage Sissa




La légende du sage Sissa est la légende la plus connue en ce qui concerne la création du jeu d'échecs.

Sissa inventa le jeu pour le roi indien Belkib qui s'ennuyait à la cour. Le roi apprécia le jeu et Sissa put choisir sa récompense.

Sissa eut une demande surprenante et apparemment modeste. Il demanda qu'on place un grain de riz sur la première case de l'échiquier, deux sur la seconde case, quatre sur la troisième case et qu'ensuite on continue à doubler le nombre de grains par case.

Les conseillers du roi Belkib s'affolèrent lorsqu'ils réalisèrent que la quantité de riz demandée dépassait de très loin les capacités de production du pays.

la stratégie




La stratégie consiste à mettre en place un plan d'action qui concerne tout ou partie du jeu.

Ce plan d'action doit être élaboré en prenant en compte les spécificités de la partie, en particulier les forces et les faiblesses des deux camps.

Le GMI britannique Harry Golombek en a donné une définition fort intéressante: « La conception d'un plan est le processus par lequel un joueur exploite les avantages de sa position tout en s'efforçant d'en réduire au minimum les inconvénients. Afin de garantir le succès, un plan doit toujours se fonder sur un diagnostic objectif des particularités d'une position. La conception d'un plan est d'autant plus difficile que la position est équilibrée, et grandement facilitée lorsqu'il n'existe qu'un seul plan susceptible de répondre aux exigences de la position. » 😊

l'assistance mutuelle indirecte


assistance mutuelle indirecte


Deux pions de la même couleur sont en assistance mutuelle indirecte lorsque la prise de l'un des pions permet la promotion de l'autre.

C'est le genre de situation qu'on rencontre assez fréquemment lors de la phase finale de la partie.

Dans certaines configurations de jeu cette situation fort avantageuse apporte le gain de la partie.

Dans l'exemple ci-dessus la prise du pion blanc en c5 permet la promotion du pion en b6.

le jeu à l'aveugle




Le jeu à l'aveugle

Jeu sans regarder l'échiquier. Généralement le joueur qui joue à l'aveugle a les yeux bandés. Dans son guide des échecs (collection Bouquins des Ed. Laffont) Nicolas Giffard cite deux cavaliers d'Asie Centrale qui jouent une partie à l'aveugle tout en chevauchant.

Le jeu à l'aveugle - les records de simultanées

Le nombre de parties jouées simultanément à l'aveugle n'a cessé de progresser au fil des siècles et s'avère plutôt impressionnant. 

Quelques exemples: au 18ème siècle Philidor était capable de jouer 3 parties à l'aveugle. Au siècle suivant, Paul Morphy passait à 8 parties simultanées puis Johannes Zukertort à 16. 

Le dernier record 48 parties dont 35 victoires a été établi à Las Vegas en 2016 par l'Américain originaire d'Ouzbékistan Timour Gareïev.

vendredi 29 août 2025

le point Elo


Arpad Elo (sur la gauche)


Le classement des joueurs a été défini par Arpad Elo scientifique et joueur d'échecs américain d'origine hongroise (1903 1992). 

Il permet de situer le niveau d'un joueur qui participe à des compétitions officielles. 

Le classement est exprimé en points et évolue à la hausse ou à la baisse en fonction des résultats obtenus lors de compétitions officielles. 

Un bon joueur de club est à 1600 points, un très bon joueur à 1800 points et un joueur de niveau national à 2000 points.

liens:

le classement FIDE des meilleurs joueurs

le cassement FIDE des meilleures joueuses

article sur le classement Elo

l'école romantique


Paul Morphy


Cette école préconise en tout premier lieu "une attaque à tout va" au détriment du matériel. 

Ses meilleurs représentants sont au 17ème siècle l'Italien Gioachino Greco et au 19ème siècle l'Allemand Adolf Anderssen et l'Américain Paul Morphy.

le roman de Guiron le Courtois




Le roman de Guiron le Courtois est une compilation de plusieurs romans arthuriens en prose du 13ème  siècle. Tous les épisodes du cycle de la Table ronde, de la légende du Graal, des aventures d’Arthur, Lancelot, Gauvain, Tristan et Perceval y sont présents. Les parties d’échecs n’y sont pas rares, qui, comme dans les chansons de geste, engagent le destin des rois et des héros. Parfois, ceux-ci jouent contre des échiquiers « magiques », sur lesquels les pièces se déplacent toutes seules. Parfois, ils s’affrontent entre eux, mais les parties ne dégénèrent pas comme dans la littérature épique ; au contraire, elles s’intègrent parfaitement à l’univers de la courtoisie. Un vrai chevalier, un grand roi se doivent d’être respectueux du jeu, des règles, de leurs adversaires et de prendre une éventuelle défaite avec philosophie. Pour la littérature, la cour d’Arthur n’est nullement celle de Charlemagne et le jeu d’échecs en est un signe patent. Parmi les compagnons de la Table ronde, le plus fort joueur passe pour être Bédoïer, le connétable du roi Arthur. Sur cette miniature, le roi et son connétable s’affrontent paisiblement autour d’un échiquier. Activité de cour et non plus activité de guerre : le jeu féodal est déjà très loin.

source la BNF

le syndrome de Kotov




Le syndrome de Kotov est l'attitude décrite par le joueur soviétique Alexandre Kotov.

Il consiste à ne pas trouver de bon plan dans une position donnée, en dépit d'une longue réflexion, et ensuite, pressé par le temps, de jouer un coup faible qui n'a été analysé que superficiellement.

le roque


mouvement du roi

position finale
petit roque des Blancs et grand roque des Noirs



Le roque est un mouvement spécial de début de partie qui concerne le roi et les tours de la même couleur.

la description du roque

Le roi se déplace de 2 cases en direction de la tour qui participe au roque et la tour passe de l'autre côté du roi.

Le roque avec la tour la plus proche est appelé petit roque. Le roque avec la tour la plus éloignée est appelé grand roque.

les conditions du roque

Pour pouvoir roquer il faut: 1 avoir le trait - 2 ne pas être en échec - 3 ne pas passer par une case où on se trouverait en échec - 4 ne pas arriver sur une case où on se trouverait en échec - 5 que l'espace entre le roi et la tour soit vide - 6 que le roi et la tour n'aient pas quitté leurs cases initiales.

le but du roque

Mettre le roi à l'abri et centraliser une tour.

déroquer

Il est intéressant d'empêcher le roi du camp adverse de roquer en le faisant bouger. Dans ce cas, on dit que le roi est déroqué.

le roque inversé

Le roque est inversé lorsque les joueurs ne roquent pas du même côté. Le roque inversé permet de lancer les pions à l'attaque du roi du camp adverse (attaque sur une aile).

le petit dico des échecs: blitz




Le blitz est une partie d'échecs pour laquelle chaque joueur dispose d'un temps total de 10 minutes ou de moins de 10 minutes.

Difficile dans ces conditions de chercher à mettre au point des stratégie élaborées.

Ce type de jeu, en revanche, est excellent pour travailler sa rapidité de réflexion et perfectionner ses ouvertures.

Il est notamment très apprécié de la grande majorité des joueurs qui jouent sur Internet.

jeudi 28 août 2025

la naissance du jeu moderne




Avec la Renaissance, les échecs évoluent vers un aspect plus compétitif. Les règles accélèrent la marche, des tournois sont organisés, des stratégies développées, des champions révérés. C'est à partir du 19e siècle que se met en place le jeu moderne. Doté de structures d'encadrement, il devient parfois un véritable enjeu géopolitique... jusqu'au moment où les machines surpassent les champions.

Dans le courant du Moyen Âge, les aspects proprement techniques du jeu d'échecs n'évoluent guère. Malgré un effort de réflexion théorique certain, malgré la compilation de traités et de recueils de problèmes, les parties demeurent lentes et longues, les pièces ayant toutes sur l'échiquier une valeur plus faible que de nos jours. La dimension symbolique du jeu semble rester plus forte que sa dimension véritablement ludique.

Les choses changent dans la seconde moitié du 15e siècle. En quelques décennies, sous l'influence de théoriciens espagnols et italiens, se met en place le jeu moderne, peu différent désormais (sinon tactiquement) de celui qui est le nôtre aujourd'hui. Plusieurs pièces voient leur marche se modifier, notamment la reine, qui au lieu de se déplacer d'une case en une case, peut désormais traverser l'échiquier dans toutes les directions. Sa force devient considérable. Le fou et la tour accroissent également la leur. Le jeu se transforme profondément, les parties deviennent plus dynamiques, le nombre des pratiquants augmente. À partir du 16e siècle, des compétitions sont organisées, de véritables joueurs professionnels apparaissent, la littérature échiquéenne devient prolifique. Les Européens peuvent enfin tenir tête aux champions musulmans.

Reflétant ces mutations, les pièces se transforment également. Elles deviennent plus maniables, plus fines, plus hautes, ce qui permet de diminuer la taille des échiquiers. Si les règles ne changent plus, le jeu continue d'évoluer tactiquement. Au début du 18e siècle, les joueurs ne pensent qu'à gagner par échec et mat ; les parties sont alors très agressives et passionnantes. C'est en vainquant le champion de l'époque devant Louis XV à Versailles que Philidor (1726-1795) – alors âgé de 10 ans ! – entre dans l'histoire des échecs. Son Analyse des échecs révolutionne le déroulement tactique des parties : les pions acquièrent sur l'échiquier une importance stratégique considérable. Pour le champion français, « les pions sont l'âme de ce jeu ».

Vers 1740, le café de la Régence à Paris est le théâtre des plus belles parties d'échecs où Philidor croise Diderot. Pendant la Révolution, Robespierre ou Camille Desmoulins viennent y jouer. L'activité échiquéenne du café de la Régence ne s'arrêtera que vers 1920.

source la BNF

à apprendre prioritairement




Gérard, quels sont les conseils que vous donnez aux joueurs qui font leurs premiers pas aux échecs?

Je crois qu'on peut leur conseiller prioritairement:

1 d'opter pour l'acquisition d'un matériel classique (pièces en bois de type Staunton et échiquier en vinyle avec des cases blanches et vertes pour une meilleure lisibilité du matériel).  

2 d'apprendre à reconnaître les pièces et chercher à se familiariser avec leur activité (la marche, l'attaque, la défense, la prise des pièces du camp adverse, les échanges de pièces).

3 découvrir l'échec, l'échec et mat et le PIF.

4 découvrir les cas de nullité.

5 apprendre les 3 coups spéciaux (le roque, la promotion et la prise en passant).

6 commencer à se documenter sur les coups tactiques et les tableaux de mats.

7 ne pas trop s'attarder sur l'apprentissage des ouvertures. 

8 porter, par contre, son attention sur les phases finales de parties.

9 jouer si possible régulièrement et analyser ses erreurs (analyses post mortem).

10 jouer sans pendule; la pendule viendra plus tard.

la partie Immortelle




La "Partie Immortelle" est une célèbre partie d'échecs jouée en 1851 par Adolf Anderssen et Lionel Kieseritzky.

Cette rencontre sans enjeu est un symbole du romantisme typique du 19ème siècle, avec ses attaques échevelées et ses sacrifices à répétition.

Le joueur d'échecs anglais William Hartston l'a jugée « probablement unique dans la littérature échiquéenne ».

Ca mérite un coup d'œil!

fichier PGN de la partie Immortelle

150 parties d'échecs


Stefan Zweig


Au premier coup d'œil, je fus dépité et amèrement déçu : ce livre que j'avais escamoté au prix des plus grands dangers, ce livre qui avait éveillé en moi de si brûlants espoirs, n'était qu'un manuel du jeu d'échecs, une collection de cent cinquante parties jouées par des maîtres. N'eussé-je pas été enfermé et verrouillé, j'aurais, dans ma colère, jeté le livre par la fenêtre, car, au nom du ciel, que pouvais-je tirer de ce traité ? Au temps où j'étais au gymnase, j'avais essayé, comme la plupart de mes camarades, de faire marcher des pions sur un échiquier, un jour que je m'ennuyais. Mais comment me servir de cet ouvrage théorique ? On ne peut jouer aux échecs sans partenaire, encore bien moins sans échiquier et sans pièces. "Je feuilletai le volume avec mauvaise humeur, dans l'espoir d'y découvrir tout de même quelque chose à lire, un avant-propos, des instructions. Mais il ne contenait que des diagrammes de parties célèbres, avec au-dessous, des signes qui me furent d'abord incompréhensibles : a2-a3, Sf1-g3, et ainsi de suite. C'était, me semblait-il, une sorte d'algèbre, dont je n'avais pas la clé. "Peu à peu, je compris que les lettres a, b, c, désignaient les lignes longitudinales, les chiffres de 1 à 8, les transversales, et que ces coordonnées permettaient d'établir la position de chaque pièce au cours de la partie ; ces représentations purement graphiques étaient donc une manière de langage. Je pourrais peut-être, me dis-je, fabriquer une espèce d'échiquier et essayer ensuite de jouer ces parties. Grâce au ciel, je m'avisai que mon drap de lit était quadrillé. Soigneusement plié, il finit par faire un damier de soixante-quatre cases. Je cachai alors le livre sous le matelas, après en avoir arraché la première page. Puis, je prélevai un peu de mie sur ma ration de pain et j'y modelai des pièces, un roi, une reine, un fou et toutes les autres. Elles étaient bien informes, mais je parvins, non sans peine, à reproduire sur mon drap de lit quadrillé les positions que présentait le manuel. "Néanmoins, lorsque je tentai de jouer une partie entière, j'échouai d'abord, à cause de mes ridicules pièces en mie de pain que j'embrouillais continuellement, parce que je n'avais pu mettre sur les "noires" que de la poussière en guise de peinture. Cinq fois, dix fois, vingt fois, je dus recommencer cette première partie. Mais qui au monde disposait de plus de temps que moi, dans cet esclavage où me tenait le néant, qui donc aurait pu être plus avide et plus patient? 

Au bout de six jours, je jouais déjà correctement cette partie ; huit jours après, je n'avais plus besoin des pièces en mie de pain pour me représenter les positions respectives des adversaires sur l'échiquier. Huit jours encore, et je supprimais le drap quadrillé. Les signes a1, a2, c7, c8 qui m'avaient paru si abstraits au début se concrétisaient à présent automatiquement en images visuelles. La transposition était complète : l'échiquier et ses pièces se projetaient dans mon esprit et les formules du livre y figuraient immédiatement des positions. J'étais comme un musicien exercé qui n'a qu'un coup d'œil à jeter sur une partition pour entendre aussitôt les thèmes et les harmonies qu'elle contient. Il me fallut encore quinze jours pour être en état de jouer de mémoire toutes les parties d'échecs exposées dans le traité ; je compris alors quel inappréciable bienfait ce vol audacieux m'avait valu. Car j'avais maintenant une activité, stérile si vous voulez, mais une activité tout de même, qui détruisait l'empire du néant sur mon âme. Je possédais, avec ces cent cinquante parties d'échecs, une arme merveilleuse contre l'étouffante monotonie de l'espace et du temps.

Extrait du livre de Stefan Zweig le joueur d'échecs 1943

le petit dico des échecs: stratégie




On appelle stratégie, un plan d'action qui concerne tout ou partie de l'échiquier. Ce plan d'action intervient dans la durée et doit prendre en compte les spécificités de la partie (dont les forces et les faiblesses du camp adverse).

La stratégie doit parfois être promptement adaptée en cours de partie en fonction de l'évolution du jeu et, le cas échéant, abandonnée si elle devient caduque.

La stratégie ne doit pas être confondue avec la tactique qui est une action ponctuelle.

mercredi 27 août 2025

le petit dico des échecs: adouber




Le joueur au trait est tenu de jouer une pièce dès lors qu'elle a été touchée.

Il peut jouer une autre pièce si jouer la dite pièce est interdit par la règle du jeu.

Quand une pièce de son camp est mal positionnée sur sa case, il convient d'annoncer "j'adoube" avant de toucher la pièce pour la remettre en bonne place sur sa case.

Le joueur ne peut adouber que s'il a le trait.

L'adoubement des pièces de l'adversaire n'est pas autorisé. Il convient de lui demander de bien vouloir repositionner la pièce mal placée sur sa case.

Certains joueurs chercheraient à tricher en mettant des pièces à cheval sur 2 cases (personnellement je n'ai jamais eu ce type de problème).

l'échiquier




L'échiquier est une surface plane de forme carrée de 64 cases également carrées (8 cases x 8 cases).

Les cases sont alternativement de couleur claire et de couleur foncée pour un meilleur confort de jeu; par contre, ce bicolorisme n'a aucune incidence sur le déroulement du jeu.

Les lignes verticales de l'échiquier sont les colonnes, les lignes horizontales les rangées et les lignes inclinées les diagonales.